Vrai, nerveux, très, très affreusement nerveux j'avais été et je le suis. Mais pourquoi dites-vous que je suis fou ? La maladie avait aiguisé mes sens, ne les avait pas détruits, ne les avait pas émoussés. Surtout, le sens de l'ouïe était aigu. J'entendais toutes choses dans le ciel et sur la terre. J'entendais beaucoup de choses en enfer. Comment, alors, suis-je fou ? Écoutez et observez à quel point je peux vous raconter toute l'histoire de manière saine et calme. Il est impossible de dire comment l'idée est entrée pour la première fois dans mon cerveau. Une fois conçue, elle me hantait jour et nuit. Il n'y avait pas d'objet. Il n'y avait pas de passion. J'aimais le vieil homme. Il ne m'avait jamais fait de tort. Il ne m'avait jamais insulté. Je n'avais aucun désir pour son or. Je pense que c'était son œil. Oui, c'était cela ! Il avait l'œil d'un vautour, un œil bleu pâle avec un voile dessus. Chaque fois qu'il se posait sur moi, mon sang se glaçait. Alors, peu à peu, très progressivement, je me suis décidé à prendre la vie du vieil homme et ainsi me débarrasser de cet œil pour toujours. Maintenant, c'est le point. Vous pensez que je suis fou. Les fous ne savent rien. Mais vous auriez dû me voir. Vous auriez dû voir avec quelle sagesse j'ai procédé, avec quelle prudence, avec quelle prévoyance, avec quelle tromperie je me suis mis au travail ! Je n'ai jamais été plus gentil avec le vieil homme que pendant toute la semaine avant de le tuer. Chaque nuit, vers minuit, je tournais le loquet de sa porte et l'ouvrais, oh, si doucement. Puis, quand j'avais fait une ouverture suffisante pour ma tête, j'introduisais une lanterne sourde, toute fermée, fermée, de sorte qu'aucune lumière ne brillait. Puis je glissais ma tête. Oh, vous auriez ri de voir avec quelle ruse je l'introduisais !